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Et si votre caca sauvait des vies ?

On connaissait les banques de sang ou de sperme, mais un peu moins les banques de selles. Un simple tour aux toilettes permet pourtant de sauver des vies.

Tout le monde connaît le nom du président russe. Mais avez-vous déjà entendu parler de son alter ego fécal, Vladimir Pootin ? Donneur régulier, il lutte inlassablement pour battre le record du plus gros échantillon et atteindre la première place du classement par points. Ses plus féroces ennemis, Winnie the Poo, Betty Poop, Al-butt Einstein ou Pooper Trooper*, lui rendent la tâche compliquée. Pour l'emporter, il faudra donner, encore et encore. Et c'est grâce à ce jeu ludique et ces surnoms évocateurs qu'Open Biome, première banque de selles à but non lucratif basée à Boston, motive ses fidèles. "Généralement, les gens sont excités à l'idée de changer la vie des malades grâce à leurs selles, se réjouit Carolyn Edelstein, directrice des partenariats. Ce tableau des scores et ces cadeaux nous permettent de rendre la procédure un peu plus séduisante."

Chaque année, 500 000 Américains sont touchés par le clostridium difficile, une bactérie qui provoque diarrhées infectieuses et troubles intestinaux. Si 80 % d'entre eux sont guéris grâce à de fortes doses d'antibiotiques, les 20 % restants voient l'infection prendre dangereusement de l'ampleur. Une solution s'offre alors : la transplantation fécale. Cette technique, qui fonctionnerait dans 90 % des cas, est au coeur de la mission d'Open Biome. La banque recueille les selles, les traite et en fait des gélules, vendues aux hôpitaux. "Les selles d'un donneur en bonne santé sont transplantées dans le colon d'un malade, détaille Carolyn Edelstein, au moyen d'une coloscopie, d'un lavage intestinal ou d'une sonde naso-gastrique. Ainsi, les bonnes bactéries présentes dans le colon du donneur repeuplent celui du malade, jusqu'à surclasser la bactérie clostridium difficile."