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Infarctus chez la femme : une maladie cardiovasculaire plus mortelle que le cancer du sein

Les maladies cardiovasculaires tuent 8 fois plus les femmes que le cancer du sein. Le coupable ? Le tabac, en cause dans la moitié des infarctus du myocarde chez les femmes de moins de 50 ans. Pourtant, ces maladies restent encore largement sous-estimées par le grand public.

Le tabac, premier risque d'infarctus chez les femmes

Les maladies cardiovasculaires provoquent chaque année environ 150 000 décès, dont plus de la moitié chez les femmes. Elles sont responsables d'un tiers des décès féminins, soit huit fois plus que le cancer des seins. Leur risque est pourtant largement méconnu.

Principal facteur de risque, le tabac. Avec l'augmentation constante du tabagisme féminin depuis les années 1970, un comportement jusque-là plutôt réservé aux hommes, les maladies associées ont littéralement explosé. Mais si l'on pense instinctivement aux maladies respiratoires et aux cancers, on a tendance à oublier les maladies cardiovasculaires qui, par leur nombre, sont pourtant les plus meurtrières. " Le tabac est responsable de la moitié des infarctus du myocarde chez les femmes de moins de 50 ans", précise le Dr Mounier-Véhier qui a fait de la prévention cardiovasculaire chez les femmes son cheval de bataille. Et pas question de lui parler de petit tabagisme. " Fumer 4 cigarettes par jour double le risque d'infarctus du myocarde chez les femmes". En cause, les artères plus fines et une revascularisation plus compliquée chez les femmes que chez les hommes.

Maladies cardiovasculaires : pilule et tabac, un cocktail explosif

Stress, mauvaise alimentation, sédentarité malmènent également le cœur. Et facteur de risque spécifique aux femmes, les hormones, et plus particulièrement les oestrogènes de synthèse contenus dans la plupart des contraceptifs. " Avec les oestrogènes de synthèse, le risque thrombotique augmente avec l'âge, et de manière significative au-delà de 35 ans. Chez les femmes à risque cardiovasculaire (pour cause de diabète, d'hypertension artérielle, etc.), une seule précaution : éviter les œstrogènes de synthèse", préconise la cardiologue. Pour ces femmes, la contraception devra reposer sur des progestatifs seuls. Et la situation s'aggrave considérablement chez les femmes combinant contraceptif œstro-progestatif et tabac. " Après 35 ans, une femme qui fume doit choisir entre tabac et œstrogènes de synthèse".

Le THS, facteur protecteur contre les maladies cardiovasculaires

Autre risque lié aux hormones : la ménopause précoce. Mais la prescription d'un traitement hormonal de substitution par voie transdermique (patch ou timbre) aux œstrogènes naturels annule ce risque, affirme le Dr Mounier-Véhier. " Une étude danoise qui a suivi un millier de femmes pendant 10 ans montre que l'administration d'œstrogènes naturels par voie transdermique, comme c'est l'usage en France (contrairement aux Etats-Unis où les THS reposent sur des œstrogènes de synthèse administrés par voie orale, ndlr), non seulement n'augmente pas les risques de cancer du sein ni d'accident vasculaire cérébral (AVC), mais protège contre les accidents cardiovasculaires, les évènements coronaires et la mortalité cardiaque".

Pour cette spécialiste, le rôle des cardiologues à la périménopause (c'est-à-dire quelques années avant la ménopause) est donc essentiel : face à une femme qui présente un surpoids et/ou se plaint de bouffées de chaleur, il doit procéder à un bilan cardiovasculaire et l'interroger sur ses antécédents cardiovasculaires. Ce n'est qu'à l'issue de ce bilan qu'il donnera son feu vert ou son feu rouge à l'instauration d'un THS.

Infarctus : des symptômes atypiques chez les femmes

Contrairement aux hommes, les femmes ne présentent pas tous les signes caractéristiques d'un infarctus du myocarde. Les médecins eux-mêmes sont parfois déroutés devant un tableau clinique atypique et participent ainsi au retard dans la prise en charge des patientes, assure le Dr Mounier-Véhier. Et cette dernière de citer l'exemple d'une " femme de 60 ans, nauséeuse, angoissée , avec un diabète connu, qui se présente pour une douleur qui irradie du ventre au dos". Le médecin l'envoie... chez le gastro-entérologue ! Cette symptomatologie digestive est en fait typique de l'infarctus chez les femmes.

Autre exemple, celui de Laurence, la cinquantaine, qui doit sa survie à un concours de circonstances heureusement favorable. " Laurence est très fatiguée depuis un mois, elle est essoufflée , mais elle met cela sur le compte d'un rythme de travail très important et un stress assez élevé. Le soir d'une fête, elle se rend aux urgences pour des douleurs plus importantes et fait un arrêt cardiaque sur fibrillation ventriculaire. Prise en charge immédiatement, elle a pu être réanimée et récupérer d'une mort subite". C'était en 2012. Laurence l'ignorait, mais elle présentait un tableau clinique typiquement féminin . Car avant la douleur thoracique caractéristique de l'infarctus, présente chez 9 patientes sur 10, celles-ci présentent souvent une fatigue intense et durable, sans lien direct avec une activité particulière. Depuis, Laurence arrive à écouter son corps, désormais consciente que " tout peut s'arrêter".

A Lille, un circuit "cœur-artères-femmes" pour des soins coordonnés

A Lille, un circuit "cœur-artères-femmes" a été mis en place début 2013. L'idée : organiser un parcours de soins coordonnés aux trois étapes-clés de la vie hormonale des femmes pour assurer une prise en charge de qualité à celles qui, malgré un risque cardiovasculaire évident, ne sont pas suivies en cardiologie. " Nous avons défini des filières femmes avec au moins un facteur de risque cardiovasculaire : hypertension artérielle, diabète, périménopause, pré éclampsie sévère", détaille le Dr Mounier-Véhier. Les patientes peuvent être adressées directement par leur gynécologue-obstétricien qui souhaite un bilan vasculaire, un bilan d'hypertension ou une simple consultation, ou par leur cardiologue face à une demande de grossesse émanant d'une femme souffrant d'une hypertension chronique ou sévère. Le médecin généraliste peut également demander une consultation cardiologique pour une patiente à risque voulant un traitement hormonal de la ménopause, mais son rôle intervient plutôt en aval, après le bilan, pour organiser le suivi avec sa patiente avec les divers professionnels de santé identifiés par le cardiologue : diabétologue, pneumologue, neurologue, endocrinologue... " L'objectif est que les médecins disposent du même degré d'information afin de délivrer le même message vis-à-vis du risque cardiovasculaire", explique la spécialiste.

Le parcours "cœur-artères-femmes" est en cours d'évaluation et fait l'objet de quatre thèses. Il devrait être mature dans 3 ans, espère le Dr Mounier-Véhier. D'ici là, un travail de promotion du parcours coordonné de soins des femmes à risque cardiovasculaire sera mené auprès de la Haute Autorité de Santé (HAS) pour son déploiement à l'échelle du territoire.

(doctissimo)

 



29/03/2016
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