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La lanceuse d'alerte Irène Frachon met en garde contre les effets secondaires des médicaments

La pneumologue, qui avait alerté sur les risques du Mediator il y a cinq ans, a coécrit un livre sur les effets secondaires souvent méconnus de médicaments commercialisés

"Le médicament qui ciblerait de façon spécifique la pathologie, sans risquer de perturber le reste de l'organisme, est une utopie", assène Irène Frachon dans une interview donnée au Parisien, lundi 7 mars. Le quotidien a pu se procurer le livre Effets secondaires. Le scandale français, à paraître jeudi. Dans cet ouvrage, la pneumologue, le journaliste Jean-Christophe Brisard et l'avocat Antoine Béguin alertent sur les effets indésirables des médicaments.

Des effets méconnus du grand public

Cinq ans après le scandale du Mediator, dévoilé par Irène Frachon, le livre fait le point sur des médicaments commercialisés en France et dont les effets secondaires inquiétants sont parfois peu connus. C'est le cas de l'antidépresseur Deroxat, suspecté par les autorités américaines de provoquer des idées suicidaires, ou encore du Mysimba, un coupe-faim potentiellement responsable de problèmes cardiovasculaires et psychiatriques

Le lobby de l'industrie pharmaceutique

Concernant le Mysimba, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) avait exprimé des réserves, mais l'Agence sanitaire européenne a fini par l'autoriser. Jean-Christophe Brisard pointe les conflits d'intérêts entre l'industrie pharmaceutique, les experts et le système juridique : "En 2013, le Conseil économique et social européen se déclarait inquiet de voir que 85% du budget de pharmacovigilance de l'Agence européenne est… financé par les labos."

"Notre but n'est pas d'encourager une défiance généralisée, aveugle et confuse vis-à-vis du médicament. Au contraire, de plaider pour qu'on entre, collectivement, dans une ère de réalisme et de lucidité", explique Irène Frachon. 

Les remèdes des auteurs de l'enquête

- Des essais transparents et des experts indépendants. Aujourd'hui l'Agence du médicament "n'a pas les moyens de mener ses propres investigations sur la validité des essais cliniques présentés [et menés] par le laboratoire, propriétaire de la molécule", déplore Antoine Béguin. Même si du ménage a été fait, l'Agence du médicament reste trop lié aux laboratoires Par ailleurs, l'ouvrage regrette que seuls 10% des essais internationaux se déroulent en France. "Difficile de vérifier ce qui se passe en Inde, en Chine, en Europe de l'Est où le cobaye humain coûte moitié moins cher", soulignent les auteurs. 

- Plus d'information pour le grand public. "Pour avoir confiance, il faut pouvoir s'accrocher à une information loyale. Si on ne la leur donne pas, la méfiance des patients, qui iront la chercher ailleurs, risque de les pousser dans les bras d'obscurantistes de tout poil au discours délirant, comme on le voit actuellement pour la vaccination", détaille Irène Frachon. Les auteurs de l'ouvrage réclament des pictogrammes d'alerte sur les boîtes de médicaments, quand les effets secondaires peuvent être graves.

 Des victimes mieux accompagnées. Les auteurs demandent la création d'un fond d'indemnisation des victimes financé par l'industrie pharmaceutique. "Il rendrait ainsi les laboratoires solidairement responsables des effets indésirables graves, qu'ils aient été mentionnés sur une notice ou non", assure Antoine Béguin.

(source; francetvinfo)



08/03/2016
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