interdiction du paracetamol
Il est prouvé que l'accès à cette molécule hors pharmacie est à l'origine d'une nette augmentation des achats, des intoxications et d'un nombre accru de décès
"Paracétamol hors officine : une expérience douloureuse en Suède." C'est ainsi que le Journal international de médecine (JIM) vient de titrer un très intéressant article consacré au commerce du Doliprane et de ses cousins. On y apprend que, face à l'augmentation du nombre d'intoxications causées (de façon volontaire ou non) par cette molécule, les autorités suédoises ont décidé de revenir sur sa vente libre. Les pharmaciens français, qui ne cessent de mettre en garde contre la sortie des médicaments de leur officine, ne manqueront pas de se réjouir des chiffres publiés sur ce site destiné au corps médical.
Depuis longtemps, le paracétamol est en vente totalement libre aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Qui plus est, il est proposé dans des conditionnements de grand volume. C'est l'opposé dans notre pays où sa commercialisation (comme celle des autres médicaments) est strictement limitée aux officines et où les boîtes ne contiennent pas plus de huit grammes de substance active. C'est sans doute l'une des raisons pour lesquelles la France, nation de forte consommation de médicaments, fait figure d'exemple dans le domaine des intoxications au paracétamol. "Les États-Unis et la Grande-Bretagne se sont ainsi débattus pendant des années et continuent aujourd'hui face au fléau que représentent les surconsommations involontaires et les overdoses volontaires de paracétamol", écrit le JIM. "Selon des données récentes de la Food and Drug Administration américaine, on recense chaque année 100 000 intoxications au paracétamol, dont 450 mortelles. En extrapolant ces chiffres à la population française, notre pays devrait comptabiliser près de 19 000 cas par an. L'incidence est cependant quatre fois plus faible : le nombre d'intoxications par an ne dépasse en effet pas les 5 000 (dont moins d'une dizaine sont mortelles)."
Le nombre d'hospitalisations pour surdosage a doublé
Quant à la Suède, elle a autorisé la vente de plusieurs médicaments sans prescription, dont le paracétamol, en dehors des pharmacies en 2009. Depuis, il est possible de trouver divers médicaments dans les bureaux de tabac, les stations-service, ou encore les supermarchés. La mesure devait permettre un meilleur accès aux soins, malgré le faible nombre de pharmaciens. Mais voilà, entre 2009 et 2013, la fréquence des appels au centre d'information antipoison a augmenté de 36 %. "Et le nombre d'hospitalisations pour surdosage de paracétamol a plus que doublé par rapport à la période précédant la fin du monopole des pharmacies", précise le JIM, ajoutant que ces données ont un lien direct avec une très forte augmentation des ventes de paracétamol (elle a atteint 60 % dans les commerces non officinaux contre 7 % dans les pharmacies).
C'est pourquoi les autorités suédoises ont décidé de revenir sur la vente libre de cette substance, qui ne sera plus commercialisée en dehors des officines dès le 1er mars 2015. "L'objectif est de limiter l'accessibilité et les achats compulsifs", explique au JIM le directeur de l'autorité du médicament, Anders Carlsten. Concordance du calendrier, E. Leclerc dévoile aujourd'hui les résultats d'une étude exclusive réalisée par Ipsos selon laquelle 77 % des Français se déclarent prêts à acheter leurs médicaments sans ordonnance en parapharmacie. Et 54 % sont pour la vente de ces produits ailleurs qu'en pharmacie. Les partisans de cette libéralisation refusent d'ailleurs de faire de la Suède un contre-exemple, notamment en raison de l'absence de personnel pharmaceutique dans les espaces de la vente des médicaments.
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