La Bugatti Veyron tire sa révérence
Autant être franc : on ne la regrettera pas. Le Salon de Genève, qui sera ouvert au public du 5 au 15 mars 2015, est le lieu qu’a choisi Bugatti pour permettre à sa Veyron de pousser son chant du cygne. La filiale du groupe Volkswagen (qui a racheté la prestigieuse marque en 1998, quarante-deux ans après qu’elle ait cessé toute activité) y exposera « La Finale », 450e et dernier exemplaire de ce coupé. Un acheteur anonyme du Moyen-Orient en a fait l’acquisition pour une somme qui devrait avoisiner les 2,3 millions d’euros.
La Veyron a combiné tout ce que l’on n’a pas envie de voir dans une automobile : l’arrogance, la vaine course à la puissance, l’indifférence aux questions environnementales et, in fine, une filiation parfaitement artificielle. Introduit en 2005, ce modèle se voulait un hommage à Pierre Veyron (vainqueur, avec Jean-Pierre Wimille, des 24 Heures du Mans 1939 au volant d’une Bugatti Type 57C) et n’entendait connaître que les superlatifs. Résultat : il s’est trompé d’époque. Son moteur est un W16 (deux V8 accolés) de près de 8 litres, poussé par quatre turbocompresseurs, qui développe, selon la version, 1001 ou 1200 ch. La belle affaire ! Une Veyron peut dépasser les 430 km/h, consomme officiellement 37 litres/100 km en ville et rejette (officiellement, toujours) 539 g de CO2 au kilomètre. Inutile de chercher une solution technique (motorisation hybride, par exemple) susceptible d’alléger l’addition. Il n’y en a pas.
UN MODÈLE DISGRACIEUX ET INUTILEMENT SURPUISSANT
Ce que fait la Veyron à l’intérieur se voit à l’extérieur. Lourdingue, le style Bugatti du XXIe siècle n’a rien à voir avec les lignes graciles et délicates des modèles de la grande époque. Tout le contraire des voitures d’Etorre Bugatti qui ont toujours préservé l’élégance et l’efficacité ; la puissance brute n’a jamais été leur genre.
Multiplier les signes de respect vis-à-vis de l’histoire d’une grande marque (remise à neuf du château Saint-Jean de Molsheim, en Alsace, siège historique de la marque, tribut à Pierre Veyron, adoption d’une calandre en fer à cheval, écusson portant les initiales EB bien visible sur le volant) ne suffit pas à s’en approprier l’héritage. Surtout en produisant un modèle disgracieux, inutilement surpuissant, destiné à une clientèle de footballeurs et dont les seuls arguments se résument à sa fiche technique exubérante. Bugatti n’a pas encore dévoilé le modèle qui remplacera la Veyron. Attendons la suite avec sérénité ; on peut difficilement faire pire.
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