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Manger son placenta : la fausse bonne idée des femmes qui viennent d'accoucher

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Depuis plusieurs années, la placentophagie, ou le fait de manger son placenta après l'accouchement est une pratique de plus en plus à la mode chez les Américaines et les Anglo-saxonnes. Cru, cuisiné ou en gélules, il aurait des vertus nutritives et anti-déprime. On a voulu en savoir plus auprès d'une sage-femme française

Oui vous avez bien lu. La placentophagie, ou le fait de déguster son placenta après l'accouchement est une pratique qui a le vent en poupe en Angleterre et aux Etats-Unis. 4 000 Anglo-saxonnes auraient déjà tenté l'expérience depuis 2010, selon The Telegraph. Encouragées par des sages-femmes, ces jeunes mères espèrent en fait augmenter leur production de lait et éviter le fameux baby-blues post-partum.

Et plutôt que de se forcer à le consommer cru, certaines ont trouvé une astuce : elles le broient pour le mixer avec des fruits en smoothie pour couvrir le goût, ou le cuisinent au four comme un vulgaire steak ou en lasagnes. Aux Etats-Unis, un commerce florissant a même vu le jour pour convaincre les plus rebutées. Interviewée par l'AFP, Claudia Booker, une sage-femme de 65 ans propose aux femmes de mettre leur placenta en capsules après l'avoir desséché pour la modique somme de 270 dollars (248 euros). Pour elle, ces capsules stimulent la libération de prolactine responsable de la production de lait.

Des vertus non prouvées et peu utiles dans notre société

Composé de fer, de vitamine B12 et de beaucoup d'hormones, le placenta est un organe à part entière. C'est un amas de tissus spongieux très vascularisés, qui agit comme un filtre nourricier. « Le placenta va filtrer tout le sang en provenance de la mère pour donner au bébé un sang dénué de l'immense majorité des virus et bactéries maternels », explique Marianne Benoit Truong Canh, vice-présidente du Conseil national de l'Ordre des sages-femmes. Cet organe sera expulsé lors de l'accouchement, ou retiré dans le cas d'une césarienne.

Pour la sage-femme, cette pratique est d'autant plus choquante qu'il n'y a, à l'heure actuelle, aucune étude clinique attestant des bienfaits de la consommation du placenta.

S'il contient bien du fer et de la vitamine B12, Marianne Benoit Truong Canh est très sceptique quant à de potentielles vertus antidépressives. Côté nutritif, « il existe des suppléments en fer et en vitamine B12 bien plus concentrés », souligne la sage-femme. Quant au baby-blues, il nécessite le plus souvent un accompagnement à domicile et un soutien psychologique à la jeune mère par une sage-femme. « C'est un passage qui doit être bref (1 à 2 mois maximum), sinon on parle de dépression. La femme a simplement besoin d'être aidée, entourée, accompagnée et guidée. »

Si d'autres mammifères ont recours à la placentophagie, c'est certes parce que le placenta a un intérêt nutritif pour la mère affaiblie, mais aussi parce qu'il faut nettoyer la couche afin de ne pas laisser de trace et d'éloigner les prédateurs. « Ce sont des contraintes qui ne sont pas les nôtres, fort-heureusement », indique la sage-femme. « Aujourd'hui on a quand même des conditions de vie extrêmement favorables, avec des médicaments et des vitamines à disposition. C'est quand même un organe, pourquoi aller manger un de ses organes ? », s'emporte la sage-femme, avant d'ajouter que « c'est comme si on buvait notre urine lorsque l'on a soif. »

Un organe à part entière, puis un déchet opératoire

« En France, le placenta est considéré comme un organe », explique Marianne Benoit Truong Canh. « Par conséquent il est encadré par des textes règlementaires, et doit être incinéré après l'accouchement, ou récupéré à des fins thérapeutiques et/ou scientifiques. Il est strictement interdit et illégal de transformer un placenta en gélules contre rémunération. »

La sage-femme nous explique que le placenta est soumis à plusieurs textes de par son statut d'organe et de déchet opératoire, tout comme le cordon ombilical.

C'est la circulaire DGS/PP4/2012/328 du 31 août 2012 de la direction générale de la santé (DGS) qui encadre et stipule ce qui doit être fait du placenta, du cordon ombilical et des cellules qui les constituent. Ainsi, « lorsqu'ils ne sont pas utilisés à des fins thérapeutiques et scientifiques, le placenta et le cordon sont des déchets opératoires qui doivent être incinérés en application de la réglementation relative aux déchets d'activités de soins à risques infectieux. »

Pour Marianne Benoit Truong Canh, cette pratique qui consiste à manger son placenta ou à en faire des gélules est quasiment inexistante en France, du fait de la règlementation stricte. En revanche, « les femmes demandent souvent à voir leur placenta pour comprendre comment ça marche, comment elles ont nourri leur bébé », note la sage-femme, qui assure n'avoir jamais eu à faire à un couple voulant récupérer le placenta.



12/03/2015
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